La scolarité

Les répercussions scolaires

Selon l’intensité de la dyspraxie et les troubles associés, l’élève va vite présenter des troubles de l’apprentissage.

Si ses difficultés sont reconnues et comprises de façon précoce, il pourra suivre une scolarité normale avec des adaptations. Voyons les répercussions des dyspraxies et les remédiations possibles : en maternelle, au primaire et à partir du collège.

L’enfant dyspraxique pourra suivre une scolarité :

  • Si son niveau intellectuel est normal, s’il apprend à gérer ses difficultés lucidement, efficacement mais sans dramatise, s’il bénéficie d’adaptations et de soutiens différenciés à chaque étape de son évolution et de sa scolarité, comme un ordinateur, un accompagnateur de vie scolaire (AVS).
  • Si l’enseignant comprend que la dyspraxie entraîne : un retard graphique (dessin, écriture) important qui sera toujours au premier plan des difficultés de l’enfant, de nombreuses difficultés en mathématiques (dénombrement, géométrie) à cause des troubles de l’organisation, du regard et de la structuration spatiale.
  • Si l’enseignant adapte son enseignement c’est à dire :favoriser au maximum les apprentissages et les contrôles oraux, valoriser les connaissances de l’enfant, son langage, son raisonnement, sa logique.

L’école maternelle

En maternelle, le jeune dyspraxique va se retrouver rapidement en difficulté, car on lui propose des tâches essentiellement praxiques : nous allons essayer de lister tous ce qui peut lui poser problème, puis nous verrons comment l’aider.

Nous rappelons que la dyspraxie atteint les enfants de manière différente (selon son intensité, ses particularités et s’il y a des troubles associés).Tous n’éprouveront pas les mêmes problèmes, mais tous auront des problèmes de manipulation.

Les problèmes qui peuvent survenir en maternelle

  • Le découpage : il n’arrive pas à utiliser une paire de ciseaux ou n’arrive pas à découper autour, ou sur une ligne.
  • Le collage : il renverse la colle, perd les dessins qu’il doit coller, place la colle directement sur le dessin et non pas sur l’envers.
  • Les gommettes: Il a du mal à décoller les gommettes et il ne les place pas au bon endroit.
  • Le coloriage : surtout avec des crayons de couleur lui demande trop d’effort, même avec des feutres, il dépasse des limites , parfois il ne regarde même pas ce qu’il fait.(dans le cas d’une dyspraxie visuo-spatiale).
  • Le graphisme :
    • Il ne peut repasser sur les modèles en pointillé, ni dans des «pistes graphiques» où le crayon doit suivre un circuit par exemple en forme de U, de ponts sans dépasser.
    • Il a du mal à reproduire les lettres, il n’arrive pas à écrire son prénom, tout juste quelques lettres en bâton déformées Ex: Benjamin reconnaissait très bien le B de son prénom, il pouvait le décrire : c’est un bâton droit avec 2 ventres, mais il n’arrivait pas à placer les 2 ventres au bon endroit sur le trait vertical…..(mauvaise coordination œil-main).
    • Il ne peut copier un modèle.
    • Il n’arrive pas à tracer (et à percevoir ) les traits obliques.
    • Il n’identifie pas les 4 coins d’une feuille, d’un espace à 2 dimensions.
  • Les puzzles, les jeux de construction : il n’arrive pas à emboiter les pièces entre elle, ni à reproduire les modèles proposés sur des fiches, il n’identifie pas les coins d’un puzzle.
  • Le chant : Il ne va pas réussir à reproduire les gestes et mimes des chansons, aura des difficultés à chanter en même temps que les autres enfants, de plus il peut avoir du mal à mémoriser les paroles, (ils mémorisent plus facilement ce qui du sens mais pas forcément une suite de mots, le mien changeait tout le temps les paroles des chansons pour en inventer d’autres !)
  • Le sport:
    • Il va avoir du mal à participer dès :
      • Qu’il y a des consignes spatiales: faire tourner les tricycles entre ou autour d’obstacles.
      • Qu’il y a des jeux de manipulation de ballons.
      • Qu’il faut sauter.
      • Qu’il faut courir (il est désordonné).
    • Quand il y a trop d’agitation: danse, carnaval, il peut refuser de participer (trop de bruits, trop de mouvements le déstabilise et le fatigue. (Exemple: mon fils quand il était petit, se couchait par terre et refusait de bouger!)
  • Les mathématiques : Il va avoir du mal à compter (il doit à la fois réciter la comptine numérique, pointer ou déplacer les éléments d’une collection.ex : Lors des rituels, il n’arrive pas à compter les enfants assis sur le banc, il est distrait par leurs mimiques, leurs réflexions, il doit à la fois se déplacer, pointer vers chaque enfant, tout en récitant la comptine, il est perdu sans l’aide de l’enseignant,
  • Il y en a surement d’autres…

Des conseils pour les enseignants 

  • Langage :
    • Ne pas dévaloriser le langage de l’enfant (il fait illusion c’est un vernis) car ses productions concrètes ne sont pas à la hauteur de ses discours : c’est la nature même de son handicap,
    • Ils retiennent très bien même le vocabulaire compliqué. Il faut donc chercher à valoriser ses connaissances, son langage, sa logique (même si par fois, il a du mal à organiser son propos, ex: il sait ce qu’il s’est passé mais ne sait pas le raconter d’une façon organisée),
      • exemple: mon fils tenait toujours des raisonnements extrêmement logiques et pertinents découlant d’observation et de comparaisons judicieuses, mais il ne le disait pas en classe, c’était souvent quand il se retrouvait au calme (en voiture ou à table) qu’il s’exprimait,
    • Il peut avoir du mal à se concentrer s’il y a trop de sollicitations : visuelles, auditives; il a besoin de calme et de plus de temps que les autres pour réfléchir. Il faut donc parfois le solliciter par des questions directes, autrement il ne prendra pas la parole devant ses camarades,
  • Graphisme:
    • Ne pas insister sur l’apprentissage du graphisme (si vous voyez que l’enfant bloque ou n’a pas envie, c’est qu’il ne peut pas réaliser ce qu’il lui est demandé, tout dépend également de l’intensité de la dyspraxie et si elle est visuo-spatiale).
    • Ne pas lui donner à tout prix des fiches de graphisme pour qu’il fasse comme les autres, surtout ne pas lui donner des fiches avec par ex: des lignes horizontales ou verticales qui s’interrompent et qui continuent un peu plus loin , il lui est impossible de les prolonger ! il voit les autres réussir l’exercice et vit très mal son échec.
    • On peut utiliser par exemple de la pâte modeler en relief posée sur une feuille (faire le circuit de la lettre) pour lui faire percevoir le geste à réaliser et toujours commenter le chemin du crayon à l’oral.
    • La peinture doit être un plaisir : lui proposer des feuilles grand format, sur plan vertical… jouer avec les couleurs permet d’obtenir des résultats intéressants,(mais pas trop longtemps répéter le même mouvement est fatigant).
    • Lui proposer des coloriages (sans insister s’il dépasse), éviter les crayons de couleur (à moins qu’ils soient gros) préférer les feutres,
    • Utiliser des pochoirs : « gabarits-guide » fixés avec de la patafix.
    • Utiliser les programmes de coloriage et de dessin sur l’ordinateur,
    • Quand il dessine : noter ses commentaires sur le dessin et valoriser son projet plutôt que la réalisation elle même. Veiller à ce que les autres ne se moquent pas de ses « gribouillages », mais ne pas l’encourager abusivement ou de façon imméritée pour ses « progrès », pour éviter qu’il se focalise sur le graphisme.
    • Guider sa main tout en commentant verbalement le tracé (on monte tout droit, …), en évitant de lui faire regarder.
    • Utiliser des outils qui glissent bien (pas de crayon gris !)

Éviter les manipulations. L’interroger à l’oral et adapter les fiches de travail. Lui laisser du temps pour jouer librement, il en a besoin et ne pas le forcer pas à rester assis, il se fatigue très vite. 

Manipulation

Jouer avec de la pâte à modeler bien souple ou de la pâte à sel (avec des roulettes, couteaux….sans lui demander de réaliser un objet précis « il a du mal à former une boule de pâte »).

L’utilisation des jeux de construction doit rester un plaisir, il faut le laisser jouer avec des personnages, des animaux : inventer des histoires. Il va préférer jouer dans les coins garage, poupée, ferme où il pourra laisser cours à son imagination.On peut lui proposer des jeux d’assemblage magnétique: il peut réaliser un objet sans avoir des difficultés d’emboitages.

En classe, il faut insister sur les activités de découvertes du monde : vie animale et végétale, expériences. Ils adorent les histoires, regarder les vidéos documentaires.

Mathématiques

Il faut éviter les activités de dénombrements, de comptage d’une collection : l’enfant se trompe car il oublie certains éléments et en compte d’autres plusieurs fois. Il trouve ainsi un résultat différent à chaque nouveau comptage, ce qui est très néfaste car ces exercices détruisent pour lui la notion d’invariance du nombre.

  • Le recours à du matériel concret (petits jouets, bûchettes, jetons…) que l’enfant manipule mal n’est pas justifié et est à éviter.
  • Si on utilise du matériel, il faut le faire dans certaines conditions : les objets doivent être différents : petits personnages, objets de couleurs différentes… Puis, il faut guider l’enfant quand il dénombre : lui faire mettre les objets comptés dans une maison, les ranger sous forme de constellation (sur un modèle).
  • Il n’est pas judicieux de l’inciter à utiliser ses doigts pour calculer, car il a souvent beaucoup de mal à les isoler(on peut voir qu’il n’y arrive pas lors des jeux de doigt et des comptines ).
  • Il faut insister sur la mémorisation de la comptine numérique, lors des activités de dénombrement, il faut que quelqu’un l’aide en pointant pour lui les objets pendant qu’il compte (car il a bien compris la fonction du nombre).
  • Il faut insister sur l’apprentissage par coeur des petites opérations.
  • Il est important de recourir à l’utilisation des constellations (disposition des dés ) pour compter les quantités.

La lecture

Il faut entraîner son attention auditive et sa mémoire verbale et visuelle.

Il faut chercher à éveiller sa conscience phonémique et phonologique pour préparer l’apprentissage de la lecture.

Comment ?

  • Il faut l’entraîner à reconnaître les différentes graphies des lettres :
    • Si l’on travaille le repérage de mot parmi d’autres mots dans une fiche ou dans un texte sur le tableau , l’enfant porteur d’une dyspraxie visuo-spatiale peut y arriver si les conditions sont optimisées. C’est à dire, s’il y a beaucoup d’espaces entre les mots, si les interlignes sont grands, si les caractères sont plus gros et en gras, si tout a été tapé à l’ordinateur : évitez l’écriture manuelle et l’utilisation de polycopieuses! (l’encre est trop pâle)
    • S’il doit rechercher un mot parmi d’autres, lui fournir des étiquettes amovibles qu’il pourra déplacer (un peu grande pour faciliter la manipulation , éventuellement collée sur un carton, cela pourra servir à d’autres …) pour comparer avec les mots et trouver les mots identiques;
    • Bien se rappeler qu’il a du mal à se repérer dans la feuille, à la parcourir d’une manière systématique et efficace (placer des repérages en couleur, pour l’aider)
  • Par exemple, en jouant avec «la méthode de la planète des Alphas», l’enfant apprend les sons et leur correspondance en lettre.(écriture imprimerie, script, cursive).
  • Faire également travailler la conscience phonologique :ex : savoir séparer les mots en syllabes (en évitant de taper dans les mains, de compter sur les doigts),pouvoir supprimer une syllabe, percevoir les rimes…
  • En écoutant des comptines et des chansons qui riment ou sont riches en « sons »
  • Avec des lettres en bois découpée.
  • Avec des lettres magnétiques grand format script, majuscule ou cursive(exemple chez Celda, ou des lettres de scrabble).
  • Le jeu des alphas prépare également à la reconnaissance des différentes graphies des lettres.

Évaluations

  • il faut favoriser au maximum les apprentissages et les contrôles oraux pour éviter que le passage à l’écrit sur «fiche» ne le mette en échec.
  • si on lui propose une fiche :
    • Il faut qu’elle soit agrandie(A3).
    • Que le contenu soit aéré.
    • Il faut diminuer le nombre d’informations à parcourir et à rechercher.
    • Il faut des photocopies de qualité.
    • Il faut éviter l’écriture manuelle.
    • Et privilégier les caractères gras et les contrastes: ex : griser l’extérieur du labyrinthe pour qu’il repére mieux le chemin,
    • Il faut l’aider ou le faire aider pour toutes les activités de découpage, et de collage, et bien lui faire justifier ses choix à l’oral.
    • On peut entourer la feuille avec un trait de feutre pour améliorer le repérage.
    • Il voit mieux si la fiche est plutôt placée à la verticale.
    • Il faut éviter les exercices où il faut relier des éléments entre eux par des flèches.
    • S’il doit colorier certains éléments par ex : les triangles en bleu, les carrés en rouge….Ne pas insister sur la façon de colorier, vous voulez juste vérifier si la notion étudiée est comprise.
    • Il peut tremper le doigt dans la peinture liquide pour suivre un chemin de labyrinthe ou pour indiquer les bonnes réponses dans un exercice.
    • Il faut utiliser la couleur pour aider le repérage (colonne en fluo dans les tableaux à double entrée).

Dès la grande section de maternelle, mettre en place pendant les cours des séances d’ergothérapie pour l’apprentissage du clavier (selon des techniques adaptées aux dyspraxiques et selon ses possibilités).

L’enfant peut s’habituer à utiliser l’ordinateur en classe et à la maison à travers des jeux éducatifs : apprendre à manier la souris, il peut arriver par le biais de l’ordinateur à réussir des puzzles, des tangrams. Il risque peut être de mettre plus de temps que les autres enfants pour apprendre à manier la souris; On peut lui proposer dans un premier temps des jeux où on utilise les flèches de direction du clavier.

Ne pas proposer de maintien en maternelle au delà de 6 ans à cause de son retard en graphisme (il ne rattrapera pas son retard graphique) et n’améliorera pas son handicap. Au contraire, si les capacités verbales et raisonnementales le permettent , on peut même prévoir un passage anticipé en CP.

L’école primaire

L’intégration au primaire de l’enfant dyspraxique sera différente, selon qu’il a ou non des troubles associés(dysphasie, hyperactivité avec trouble de l’attention). Si seul les troubles praxiques prédominent, il pourra suivre une scolarité normale avec certains aménagements (ordinateur).

L’enseignant doit bien comprendre la nature du handicap (par exemple pour l’enfant DVS qui souffre de troubles de l’organisation du regard) pour analyser d’où vienne ses difficultés et adapter le travail. Nous verrons les différents difficultés qui vont se poser lors des apprentissages fondamentaux : la lecture, l’écriture et les mathématiques.

La lecture : nous verrons les difficultés qui surviennent lors de l’apprentissage de la lecture au CP pour les enfants DVS. Comment les contourner pour rendre les enfants plus autonomes. Nous conseillerons les méthodes pédagogiques d’apprentissage de la lecture les plus adaptées aux enfants DVS.Enfin, nous nous pencherons sur les problèmes qui vont se présenter quand l’enfant va aborder la lecture de texte (CE).

L’écriture représente le second écueil pour les enfants, voyons les remédiations possibles.

Les mathématiques, troisième partie des problèmes qui attendent les dyspraxiques, peuvent être abordées de manière à limiter les incompréhension liées au handicap, mais pas à les supprimer.

Je soulignerais que les méthodes pédagogiques les plus pertinentes pour les enfants dyspraxiques visuo-spatiaux ne peuvent que bénéficier aux autres élèves. Le fait d’insister sur les voies auditivo-verbales peut également aider d’autres enfants.

Pour conclure, je dirais que travailler avec des enfants DVS est extrêmement enrichissant et m’a permis de mieux comprendre : Comment les enfants apprennent certaines notions.

La lecture au primaire

Les enfants dyspraxiques ont généralement une très bonne conscience phonologique et phonémique (surtout si cette compétence a été travaillé dès la maternelle). Ce qui va leur permettre d’apprendre à lire normalement en CP.
Cependant les enfants souffrant de dyspraxie visuo-spatiale( du fait de leurs problèmes d’organisation du regard) vont être gênés : pour accéder à la lecture « courante », pour la lecture de textes (difficultés à retrouver les informations)

Les difficultés possibles

  • La plupart des méthodes de lecture au CP sont à départ global : pour pouvoir rapidement lire des petits textes, les enfants apprennent à reconnaître globalement des mots (en les photographiant) et à mémoriser leur correspondance orale.
  • Les enfants dyspraxiques visuo-spatiaux ne pourront mémoriser les mots globalement, on utilisera peu la méthode globale sauf pour les mots outils : dans, sur, avec, sous, et , est …et les. mots courts : il, elle, son, vous, petit …
  • Les enfants risquent de stagner à un stade de déchiffrage plus ou moins efficace et laborieux.
  • Ils sont très vite fatigués et ne peuvent plus se concentrer car, ils confondent les lettres:Ils butent sur les sons complexes : ex : ou, oi, ouin, ain,…
  • A cause de leurs formes : h/n/r  f/t.
  • De leurs orientations : p/q d/b.
  • Selon la lettre qui précède ou suit.
  • Selon le type de police utilisée.
  • Si il s’agit d’écriture cursive (liée) ils ont du mal à séparer les lettres. Ils lisent na au lieu de an, ils voient ou au lieu de on; Ils ont du mal à découper le mot en syllabes alors qu’ils n’ont aucun problème à l’oral.
  • Ils oublient des mots ou des lignes.

Comment faciliter la lecture ?

  • En adaptant les textes (selon les besoins de l’enfant).
  • En utilisant l’ordinateur pour préparer les textes de lecture.
  • En préfèrant l’écriture script : toujours la même police de caractères (éviter les textes écrits à la main en cursive).
  • En agrandissantr les caractères et les espaces entre les mots.
  • En utilisant des interlignes plus grands.
  • En rajoutant des repères colorés.
  • En marquant le début de la ligne d’un point vert et la fin de la ligne d’un point rouge, ou mettre un trait vert dans la colonne de gauche.
  • En surlignant chaque ligne avec des fluos de couleurs différentes mais toujours en suivant la même séquence de couleurs pour que l’enfant puisse savoir où il est.
  • En entraînant l’enfant à suivre avec le doigt, mettre le doigt aprés chaque mot à lire. En utilisant un cache pour séparer les syllabes (pendant l’apprentissage) délimiter le mot, la ligne.
  • En plaçant la feuille à la verticale sur un lutrin.
  • En vérifiant que l’enfant n’a pas un champ de vision restreint (faire un bilan orthoptique).

L’apprentissage de la lecture

Quelles sont les méthodes d’apprentissages les plus adaptées aux enfants souffrant de dyspraxie visuo-spatiale?

Quels principes pédagogiques adoptés pour faciliter l’apprentissage de la lecture ? Dés la maternelle favoriser l’éveil de la conscience phonémique et phonologique chez l’enfant dyspraxique. Puis adopter une méthode de type syllabique pour qu’il comprenne « le principe de la lecture « . Ensuite chercher à améliorer la fluidité de la lecture en automatisant la lecture des syllabes et en utilisant l’opposition syllabique en couleur : méthode d’imprégnation syllabique.

Au préalable en grande section :

  • Faire acquérir une bonne conscience phonémique.
  • Par exemple, en jouant avec « la méthode de la planète des Alphas», l’enfant apprend les sons et leur correspondance en lettre (écriture imprimerie, script, cursive).
  • Faire également travailler la conscience phonologique, par exemple, savoir séparer les mots en syllabes (en évitant de taper dans les mains, de compter sur les doigts), pouvoir supprimer une syllabe, percevoir les rimes…
Puis favoriser la voie analytique : déchiffrage du mot syllabe après syllabe

Il apprend les correspondances entre les phonémes et les graphèmes. Puis, comment déchiffer les syllabes : ( f et a = fa, ne pas prononcer f mais fffff); Il faut alors s’appuyer sur la verbalisation pour l’aider à mémoriser : les relations graphèmes-phonèmes, la fusion syllabique, l’orthographe d’usage.

Bien que l’enfant ait compris le système de l’assemblage syllabique, il perd du temps à différencier certaines lettres : la lettre t ou f, il ne perçoit pas immédiatement les digraphes (ou, on, an…) par ex pour lire poule, il commence à lire po et ne voit pas immédiatement le« ou ». De ce fait son déchiffrage est hésitant et va gêner le stockage à court terme des mots. Quand il arrive à la fin de la phrase, il ne sait plus ce qu’il a lu.

On cherche à automatiser la lecture des syllabes : l’enfant est entrainé à percevoir directement la syllabe en tant qu’entité :

  • On lui montre des étiquettes avec les syllabes par ex : fou, rou, sou, cou, gou, jou, tou, …
  • Lui faire lire directement les syllabes sur l’écran de l’ordinateur : « lecture flash »,
  • Proposer des tableaux de syllabes non-sémantisées. Voir la progression conçue par Dominique Garnier-Lasek,

On favorise la reconnaissance et la mémorisation des sons di-graphes et tri-graphes, en leur attribuant une couleur. On entoure avec un feutre les groupes di ou tri-graphes jusqu’à ce qu’ils soient mémorisés.

On utilise «L’opposition syllabique en couleur»

Pour aider à percevoir les syllabes dans un mot, on utilise 2 couleurs pour écrire les syllabes : par ex la première syllabe en bleue, puis la suivante en rouge : « opposition syllabique en couleur » Au début, lettres muettes sont colorées en gris. Les mots outils ou très connus sont laissés en noir.

Les difficultés rencontrées par l’enfant DVS lors de la lecture de textes

L’enfant atteint de dyspraxie visuo-spatiale va avoir du mal à rentrer dans la lecture de textes. Que faire pour l’aider ?

Quand on lui propose de lire des textes :

  • Il ne peut répondre aux questions posées, donnant l’impression qu’il ne comprend pas ce qu’il lit,
  • Il est très lent pour retrouver une information dont il a besoin (dans ses cours, dans un livre , dans un texte).

Que faire pour l’aider ?

  • Lui lire les textes, chaque fois que c’est possible et le faire travailler à l’oral,
  • Lui lire les questions avant la lecture du texte, pour qu’il puisse repérer et surligner de couleurs différentes les extraits correspondant à chaque question,
  • La présentation est très importante :
    • proposer un exercice par page si nécessaire agrandi en A3,
    • choisir une typographie et présentation simples, structurées et prévisibles,
    • pas de mise en page « insolite » l’enfant s’y perd,
    • pas de photocopies de mauvaise qualité.

Ces enfants n’aiment pas lire car cela leur demande beaucoup d’efforts on peut donc :

  • leur faire la lecture,leur proposer des livres adaptés (interlignes plus grand , caractères plus gros Leur proposer des cassettes livres(ex: j’aime lire), des livres sur ordinateur(évite de tourner les pages), Leur montrer des vidéos adaptées car ils apprennent essentiellement en écoutant et en observant,

Enfin chercher à automatiser la lecture grâce à la méthode par imprégnation syllabique,

  • Insister pour que l’écrit précède la lecture : il doit pouvoir « écrire » les sons, les syllabes avant de pouvoir les lire. Le jeu des Alphas facilite cet apprentissage car il permet de comprendre facilement la fusion syllabique et d’apprendre rapidement comment écrire les syllabes (en utilisant le jeu de carte des alphas), prévoir des dictées de syllabes, de mots :
  • Soit directement sur l’ordinateur en utilisant le logiciel PICTOP 2 , logiciel avec un retour vocal qui permet de faciliter l’accés à l’autonomie.
  • Soit en utilisant des lettres magnétiques script (matériel CELDA) que l’enfant dispose sur une ardoise magnétique (j’utilise l’ardoise longue avec un encadrement en bois, ce qui facilite le placement des lettres). C’est pratique car les lettres ne tombent plus, on peut les préparer ensemble à l’avance dans le haut de l’ardoise, séparer les voyelles et les consonnes. Il est intéressant que l’enfant puisse manipuler les lettres car il prend conscience : soit en utilisant des étiquettes de syllabes mobiles pour reconstituer des mots,
    • de l’importance de l’orientation : un b tourné vers le bas deviens un q, idem pour le p et le d, le u et le n,
    • mais aussi qu’il faut laisser un espace entre les groupes de lettres qui constituent des mots,

Ecrire au primaire

Certains enfants dyspraxiques parviendront à écrire surtout s’ils ont suivi une rééducation (en ergothérapie) d’autres auront beaucoup plus de mal, et il faudra alors privilégier l’écriture clavier. Mais, il faut toujours être conscient que pour l’enfant dyspraxique gérer laborieusement le contrôle du dessin des lettres est une tâche qui absorbe toute son attention, ne lui laissant que peu de disponibilité pour gérer simultanément d’autres informations, plus conceptuelles : écouter ce qui est dit, faire attention à l’orthographe.

Il faut avoir conscience que l’enfant a des difficultés en écriture :

  • A cause de son problème praxique(difficulté à automatiser les gestes),
  • Car il va se contracter (phénomène de paratonie)et être encore plus gêné pour écrire,
  • Car il a du mal à se répérer dans l’espace plan et que tous les balisages destinés à baliser cet espace (les lignes, les marges, les carreaux ) vont le perturber davantage au lieu de l’aider.

Il faut limiter l’écriture manuelle autant que possible:

  • Mots isolés, écritures des chiffres.
  • Prévoir des exercices à trous.

On peut tolérer un graphisme malhabile et agrandi, à condition qu’il soit lisible : l’enfant doit pouvoir se relire.

Ne jamais encourager les aspects «présentation» ni la qualité de l’écriture manuelle au dépends de la rapidité d’exécution ou de la lisibilité.

Eviter de faire copier l’enfant :

Ne pas lui faire copier les leçons, les poésies , les devoirs..car cela engendrerait une fatigue trop importante, copier ne l’aide pas à mémoriser !

Il faut donc :

  • Fournir à l’enfant des photocopies de qualité (présentation, contraste) ou scanner les textes.
  • Noter les devoirs dans son cahier de texte ou désigner un « secrétaire »(enfant, AVS) pour le faire.
  • L’orthographe d’usage doit être apprise oralement (répétition, épellation, ethymologie).
    • J’utilise les lettres magnétiques pour travailler l’orthographe pour renforcer l’apprentissage à l’oral. Cela lui permet de mieux intégrer la structure du mot et d’effectuer des manipulations sur le mot ex : travail sur les homonymes : un saut, un seau, un sot.

Privilégier l’écriture clavier :

  • Il faut inciter l’enfant à utiliser le clavier de son ordinateur.
  • Il faut valoriser ses productions : présentation, lisibilité, rapidité d’exécution.

Des conseils pour aider ceux qui arrivent à écrire :

  • Ne pas faire copier à partir de modèles, « la copie est toxique ».
  • On peut guider la main de l’enfant quand il écrit pour « qu’il sente le geste « , il apprend les tracés à l’aide de sa mémoire kinesthésique et non à l’aide de sa mémoire visuelle, il faudra veiller à ce que le tracé des lettres se fassent toujours de la même façon,
  • Proposer d’écrire ou de tracer sans regarder,
  • Accompagner verbalement les mouvements (on monte, on tourne vers la gauche et on redescend tout droit, puis on tourne vers la droite…)
  • Utiliser des outils qui glissent bien (Velleda, stylo bille gel, feutres…).
  • Penser à varier les supports et leur orientation ex :écrire sur un tableau velleda à la verticale,
  • Utiliser des cahiers qui n’ont qu’une ligne (clairefontaine), car les lignages sont bien souvent une gêne plutôt qu’une aide. (Si l’enfant accepte d’avoir des cahiers différents).
  • Si l’écriture cursive est trop difficile pour lui, préferer l’écriture scripte qui élude le probléme des attaches entre les lettres, mais en étant vigilant sur les espaces entre les mots qui doivent être plus larges que les espaces entre les lettres.( L’écriture scripte est souvent plus facile que l’écriture bâton car il y a moins d’obliques)

Il faut toujours que l’activité d’écriture ait un sens : on écrit pour se souvenir, pour communiquer à distance (correspondance .) pour raconter, pour remercier, pour convaicre…C’est important d’en tenir compte pour motiver l’enfant.

Guy Réveillac compare l’apprentissage de l’écriture avec l’apprentissage (praxique) du dribble au basket-ball. « Un enfant ordinaire apprend à dribbler en regardant le ballon rebondir. Petit à petit, il faut qu’il apprenne à dribbler sans regarder, car le but d’un dribble c’est de pouvoir regarder en même temps la position de ses partenaires et adversaires. Donc, il doit devenir capable de ne se fier qu’à ses sensations tactiles et kinesthésiques et non visuelles. L’enfant porteur d’une dyspraxie visuo-spatiale doit apprendre d’emblée à dribbler sans regarder.C’est sans doute plus long, plus difficile surtout au début mais l’objectif reste identique ».

Il faut également faire attention que la posture corporelle soit convenable pour éviter que l’enfant ne se contracte en écrivant. Pour un jeune IMC, il faudra peut être adapter la table selon les conseils de l’ergothérapeute pour faciliter l’écriture (proposer une table évidée au niveau de la poitrine de manière à permettre un bon appui de l’avant bras).

Les mathématiques au primaire

Les enfants dyspraxiques souffrent pour la plupart de troubles de l’organisation du regard et de la structuration spatiale, troubles qui sont à l’origine de leurs difficultés en arithmétique et en géométrie A chaque fois , nous verrons pourquoi ils éprouvent des difficultés et comment nous pouvons les aider.

Difficultés en numération

Dénombrer une collection d’objets nécessite de coordonner plusieurs actions :

  • Parcourir des yeux la collection : chaque élément l’un après l’autre.
  • Pointer avec le doigt chaque objet une fois et une seule, sans en oublier ou le pointer plusieurs fois.
  • Réciter oralement la comptine numérique.

Les enfants n’arrivent pas à gérer ces tâches simultanément et ne peuvent compter d’une façon fiable des collections.Ce qui risque de compromettre leur conception du nombre.

Que faire pour les aider ?

  • pour les faire compter, c’est intéressant d’utiliser des jetons ou des objets déplaçables (plutôt que de compter des objets dessinés sur le papier), mais il faut trouver des astuces pour faciliter les manipulations autrement ils en oublient ou comptent 2 fois le même objet. On peut par exemple : mettre les objets comptés dans une boîte, les placer sous forme de constellation du dé (domino).On peut utiliser une abaque ou un boulier du type abacco 20.
  • Il faut les entraîiner à percevoir globalement les petites collections disposées comme les constellations du dé (ou groupées de façon à faire apparaître les décompositions : 5 points et 4 points, 6 points et 4 points).

On peut utiliser «l’album à calculer de R. Brissiaud» chez RETZ. On apprend les différentes décompositions des nombres jusqu’à 7.

Par exemple : pour l’histoire des 4 souris : sur la page de gauche, il y a quatre souris dans un fromage qui a quatre trous (les trous sont disposées comme sur le dé), sur la page de droite, le sol est vide.

Sur les pages suivantes, 2 souris sont parties par terre et il en reste 2 dans le fromage (l’enfant apprend que 2 et 2 souris çà fait 4 souris, que 3 et 1 souris çà fait 4 …) il y a un système de rabats pour cacher soit la page de gauche ou de droite.

L’enfant peut également feuilleter l’album seul :

  • Il faut développer l’apprentissage du calcul mental et de ses régles.
  • Il faut s’appuyer sur la file numérique pour travailler les notions d’ajout et de retrait de petites collections.
  • Par ex : Fabriquer une grande file numérique (d’abord jusqu’à 10) en carton :
    • On peut utiliser un dé avec 2 faces 0, 2 faces 1, 2 faces 2, choisir 2 figurines Pokémon™ ou autres. Le premier qui arrive sur le 10 gagne.
    • On peut partir de 10 et descendre.
    • Si on utilise un dé normal, on travaille les compléments à 10.
    • On peut ensuite travailler le passage de la dizaine.
    • Et les calculs de 10 à 20 en rajoutant la suite de la file numérique, etc..
  • Il faut utiliser les faits numériques. L’enfant ne calcule pas, il apprend par coeur : les résultats des tables, les doubles puis partir des doubles pour apprendre les autres faits numériques.
  • Il faut utiliser du matériel qui favorise l’accés au calcul mental, éviter le recours au matériel à manipuler et à dénombrer :
  • La boite de Picbille®.
  • Les réglettes Brissiaud.
  • Les réglettes en couleur cuisenaire.
  • La balance à compter (chez Celda).
  • Le boulier Abacco 20. 

Les troubles de l’organisation du regard peuvent entraîner une dyscalculie spatiale : difficulté pour poser et résoudre les opérations, pour tout ce qui est symétrie, mesures (difficultés à accomplir un geste complexe), et également en géométrie.

La pose et la résolution des opérations sont rendues difficiles par la nécessité de produire un algorithme spatial :

  • Ecriture des nombres (de droite à gauche, mais lecture de gauche à droite).
  • Alignement en colonne des unités, dizaines, centaines, positionnement des retenues…
    • on peut utiliser des tableaux et des couleurs pour aider à poser les opérations.
    • on peut proposer des logiciels informatiques réalisant la pose des opérations (surtout pour visualiser le reste dans les divisions).
    • on peut leur faire écrire les opérations en ligne ou ne pas les écrire du tout, favorisant ainsi le calcul mental.
    • on peut permettre l’utilisation précoce d’une calculette.

Les tableaux à double entrée, le repérage de points comme intersection de lignes/colonnes et l’ensemble des représentations graphiques sont d’accès difficiles du fait des troubles d’organisation spatiale (et non pour des raisons conceptuelles).

L’accès à la géométrie est très difficile

  • L’utilisation d’outils tels la régle, le compas, le rapporteur, l’équerre est très compromise.
  • Ils ne peuvent réaliser, copier des figures géométriques.
  • Il faut donc privilégier l’utilisation de logiciels spécialisés (cabri géomètre par exemple) pour permettre l’accés à certaines notions.

La résolution de problèmes

  • Il faut veiller à ce que la présentation (image, schéma…) ne soit pas une gêne.Il faut favoriser la formalisation du problème : par la verbalisation

Le collège

Au collège, aux problèmes cités précédement vont s’en ajouter de nouveaux, tels que les changements de salle à chaque cours, une multiplication des enseignants avec les problèmes d’information qui s’en suivent, une prédominence des mathématiques en tant que matière qui peut poser des problèmes aux dyspraxiques.

L’utilisation d’un ordinateur portable est essentiel afin de pallier aux problèmes d’écriture.

Les mathématiques

  • Dissocier raisonnement et calculs numériques.
  • Éviter les dessins censés représenter la situation-problème, les schémas figuratifs : ils parasitent la réflexion de l’enfant, qui les analyse et les interprète mal.
    • S’appuyer sur des descriptions verbales très complètes et très précises (des situations-problème, des règles de calcul algébrique, des séquences successives de raisonnement, etc..).
    • Utiliser systématiquement calculette et programmes informatiques spécialisés.
    • Éviter les redoublements exclusivement liés aux difficultés en mathématiques et conseiller des orientations vers des voies non scientifiques.
  • Accepter les difficultés et les échecs en géométrie et en travaux manuels.

L’écriture

  • L’enfant dyspraxique doit disposer d’un ordinateur portable.
  • La prise de notes par écrit doit être limitée : il faut intensifier l’usage des photocopies et scanner les textes pour les adapter.
  • Prévoir un dictaphone.
  • Le dispenser de la réalisation de cartes, schéma, dessins.

Sur quoi peut-on être exigent?

  • Á l’oral, sur la qualité des apprentissages( leçons sues et comprises, applications).
  • En expression écrite (contenu, orthographe, syntaxe).

Il faut préfèrer des classes à petit effectif et des établissements scolaires où les enfants ne changent pas de salle à chaque cours.

Aider l’enfant (famille, AVS, tutorat) à la gestion du cahier de textes, des différents classeurs et manuels.

Mettre à sa portée une méthode d’organisation qu’il pourra reprendre à son compte ultérieurement (après 14-16 ans), il s’agit d’une phase d’étayage.

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